Au cours des 30 dernières années, plusieurs protocoles d’intégration de données 3D de morphométrie géométrique en cladistique ont été proposés. Fortement critiqués, ces protocoles ne sont qu’occasionnellement utilisés en paléontologie, malgré leur évident potentiel. Dans l’étude proposée ici, nous avons testé deux protocoles différents pour analyser 23 unités taxonomiques opérationnelles (UTO) représentant les genres Pongo, Gorilla, Pan, Australopithecus et Homo, afin de tester les limites de traitement des informations phylogénétiques issues de la morphométrie géométrique. Les coordonnées alignées (analyse procrustes généralisée) des conformations moyennes de deux configurations de points-repères (148 et 636 points-repères) décrivant la morphologie du calvarium de 78 spécimens ont été utilisées pour définir 23 OTUs. Après alignement (analyses procrustes généralisées) des conformations, une première approche a consisté à utiliser des coordonnées des composantes principales, obtenues par Analyse en Composantes Principales, comme variables décrivant les OTUs. La seconde approche utilise les coordonnées des points repère, directement après l’Analyse Générale de Procrustes. Ces deux jeux de données ont ensuite été analysés avec l’algorithme heuristique implémenté dans le logiciel TNT. Les résultats préliminaires obtenus sont encourageants d’un point de vue méthodologique bien que certaines limites aient été rencontrées, notamment en terme de puissance de calcul. Les analyses ont chacune produit un arbre cladistique unique cohérent avec les données habituellement admises. Ainsi, les spécimens Homo sapiens forment un groupe monophylétique et l’agencement des taxons plus anciens suit une topologie habituelle. En revanche, les spécimens néandertaliens constituent un groupe paraphylétique.