Aggiornamento culturel et culture de masse dans la Jeunesse communiste. Les Relais de la chanson française (1958-1970)
Résumé
Within the context of the French Communist Party’s political and cultural aggiornamento, and of a reorientation of its youth movement’s propaganda towards mass culture, the communist press created in 1958 the “Relais de la chanson française,” a musical talent show meant to promote young singers and attract the young masses to the unions of French Communist Youth. The initiative was paradoxical: it recycled traditional structures of communist mobilization, while imitating commercial practices; it aimed at fighting against the deleterious influence of the music and media industries, but depended upon them for its success; it promoted a legitimist, poetic conception of chanson française, while more and more young music lovers turned to new musical fads. These contradictions fed the disinvestment of orthopraxic militants, who aspired to a purer, more political form of activism: though the Relais de la chanson did help several singers to make a breakthrough, their militant and organizational failure announced the Communist Youth’s shift to a more politicized conception of its propaganda from the mid-1960s on.
Dans le cadre de l’aggiornamento politique et culturel du PCF et d’une réorientation de la propagande jeune communiste dans le sens des loisirs de masse, la presse communiste lance en 1958 les « Relais de la chanson française », un crochet musical censé devant promouvoir de jeunes talents et ainsi attirer la masse des jeunes aux unions du Mouvement de la jeunesse communiste de France. L’initiative est paradoxale : elle recycle des structures classiques de mobilisation communiste tout en se modelant sur des pratiques commerciales ; elle entend lutter contre l’influence délétère des industries musicales et médiatiques, mais dépend d’elles pour assurer son succès ; elle promeut une conception légitimiste, poétique de la chanson, alors que de plus en plus de jeunes se tournent vers de nouvelles modes musicales. Ces contradictions alimentent le désinvestissement des militants orthopraxes, qui n’y retrouvent pas l’idéal de mobilisation auquel ils aspirent. Ainsi, si ces Relais de la chanson réussissent leur pari de contribuer à la révélation de chanteuses et de chanteurs de qualité, leur échec du point de vue militant et organisationnel annonce le virage politique de la propagande jeune communiste dans la seconde moitié des années 1960.