La question du genre, dans sa complexité, renvoie indéniablement aux notions de pouvoir, rapport de domination, inégalité et égalité hommes-femmes (Rousseil, 2007). Yvonne Knibiehler dès la fin des années 70 parle d’un « transfert des activités familiales affectées aux femmes dans la sphère professionnelle auprès des publics vulnérables » (Mikanga, 2020). A partir d’entretiens avec des professionnel.le.s et des enfants sans parent(s) placés ainsi que des observations en immersion dans deux institutions de l’aide sociale à l’enfance, j’ai pu voir que les femmes sont plus nombreuses dans les deux équipes rencontrées. Dans leurs discours sur leur orientation vers le métier d’éducatrice, les femmes parlent de « vocation », de « destin », de « mission de vie » tandis que les hommes évoquent le « hasard ». Les observations menées ont également révélé un partage genrés des tâches, des activités et des rôles (Bessin, 2009). Les éducatrices se consacrent davantage aux tâches ménagères et à la transmission des règles de vie en collectivité tandis que les éducateurs sont plus impliqués dans les activités et temps de jeux extérieurs. Par ailleurs, plusieurs enfants (6 -14ans) m’ont confié en entretien qu’ils considèrent certaines éducatrices comme leur « maman » alors qu’aucun des enfants n’a désigné un éducateur comme « papa ». Enfants comme professionnel.le.s expriment une adhésion forte au stéréotype de genre, tendant à naturaliser des qualités considérées comme féminines et masculines par essence. Effectivement les femmes sont définies comme étant plus « empathique » et « à l’écoute » tandis que les hommes sont davantage associés à la figure d’autorité dictant « la loi » à respecter. Cette communication propose, à partir d’un terrain auprès d’enfants et du recueil de leurs perceptions, de saisir de quelles manières les représentations et les pratiques des professionnel.le.s, qui accueillent et accompagnent au quotidien les enfants placés, sont travaillées par le vivre ensemble et les normes de genre.