Dans la littérature sociologique, les élus non syndiqués constituent un angle mort, alors qu’ils sont très nombreux parmi les représentants du personnel des petits établissements. Adossé à cinq monographies d’entreprises, ce chapitre prend pour objet les usages salariaux et patronaux des instances représentatives du personnel dans les PME. Même si les relations professionnelles y sont peu intenses, certains dirigeants se saisissent des dispositifs de représentation afin de contrôler le personnel ou d’entériner des décisions unilatérales de l’employeur. Ces usages patronaux sont rendus possibles par le profil des représentants du personnel. Ces derniers sont souvent très dépendants des dirigeants, parce qu’ils sont pris dans des rapports de domination personnalisés avec eux. Certes, certains élus investissent certes leur rôle de manière (un peu) plus critique, et tentent de faire des IRP des espaces de mise en débat des politiques de la direction. Néanmoins, leur isolement et la faiblesse de leur ancrage dans les collectifs de travail limitent leur capacité à endosser un rôle de porte-parole et à s’imposer comme des acteurs légitimes du compromis salarial.