Si l'on se promène à proximité du Drac ou des collines environnantes dans le sud de la métropole grenobloise, d'étranges sirènes se font entendre à quatre moments très précis de l'année. Aux sirènes du premier mercredi du mois, dont la plupart nous est familier, s'ajoutent ici chaque trimestre des exercices d'alerte liées aux activités industrielles locales : les barrages hydro-électriques et les plateformes chimiques. Ces sirènes sont l'un des moments où ce territoire tissé d'industries et de géographie se fait entendre comme une construction fragile qui pourrait se défaire à tout moment ; l’objectif est d'installer les bons réflexes face à cet effondrement potentiel. Six chercheurs accompagnés de quatre musiciens du collectif Apnées (Association pour la performance, l'électroacoustique et les expérimentations sonores) ont réalisé une captation de performances improvisées dans des espaces publics, autour du moment où les sirènes sont activées. Réalisées simultanément en différents points du territoire, à plusieurs kilomètres de distance, ces performances en solo sont rassemblées ensuite par l'installation sonore en multidiffusion. Une composition prend forme qui met en dialogue l'espace de la prise de son (le territoire sud grenoblois) et l'espace de diffusion. Ici, il s'agit d'un espace intérieur dans la grande galerie d'exposition de l'école d'architecture de Grenoble. Cette installation s'inscrit dans le cadre d'une recherche doctorale sur « les ambiances de l'anthropocène », au sein du projet ANR Sensibilia.