La Seconde République, parmi les nombreuses innovations institutionnelles dont elle a été à l’origine, a vu naître un vice-président de la République. Institution peu connue, oubliée, la vice-présidence de la République mérite pourtant que l’on s’y attarde car elle témoigne des problématiques constitutionnelles de son époque. Qu’il s’agisse de la nature du régime auquel il appartient ou du rôle conféré au Conseil d’État qu’il dirige, le vice-président de la République cristallise les tensions nées d’une séparation trop stricte des pouvoirs. À ce titre, les compétences qui lui sont confiées résument bien, par leur déséquilibre, l’esprit du constituant de 1848 qui, incapable de pallier les carences initiales de sa constitution, ne cherche qu’à en tempérer les excès. Ainsi, dépourvu de toute compétence propre hormis la suppléance du chef de l’État, le vice-président de la République est à l’inverse doté d’attributions étendues en tant que président du Conseil d’État.