Notre contribution a pour origine une insatisfaction ressentie en tant que formateurs dans le champ du volley-ball. Les matériaux que nous présentons sont issus des études que nous conduisons depuis une trentaine d’années au sein de contextes de pratiques variés (enseignement scolaire obligatoire et optionnel, club associatif) et concernent des acteurs dont les niveaux de pratique et les âges sont très contrastés (du débutant absolu jusqu’aux meilleurs joueurs mondiaux ; d’enfants d’une douzaine d’années jusqu’aux adultes). Elle s’inscrit contre une source d’inégalité des apprentissages qui traverse l’ensemble des contextes que nous avons étudiés et affecte notre idéal républicain. Nos constats, ci-dessous présentés, ont repéré que cette inégalité est liée à la diversité de la présence active régulièrement manifestée Lors des matchs par les pratiquants : 1) quelques pratiquants performent mieux d’emblée et ils apprennent plus vite et mieux que les autres (avec des formateurs différents, dans des cadres et contextes de pratique différents) 2) en revanche, les joueurs demeurant peu actifs restent très peu performants et ne progressent quasiment pas 3) enfin, certains pratiquants initialement peu actifs manifestent les signes d’une présence active en cours de formation ; ils pratiquent alors autrement, performent mieux et progressent rapidement. Mais leur évolution prometteuse est souvent stoppée par l’échéance de fin de la formation. Ces constats récurrents ont suscité une série de recherches dont l’objectif est de comprendre les raisons de la variété de la présence active, qui nous est apparu comme un préalable de la réduction des inégalités d’apprentissage. Ces recherches ont abouti à une première conception opérationnelle du développement de l’agir (Récopé et al., 2013). Elle propose que les joueurs décrits sous le point 3 ont vécu un intense mais silencieux épisode de développement que n’ont pas opéré les joueurs décrits sous le point 2. La genèse et le prolongement de cette conception sont livrées dans cette contribution, qui expose les ancrages méthodologiques, empiriques et théoriques d’une conception énactive de l’agir et de son développement.