En matière de fraude, la littérature s’intéresse principalement aux manoeuvres individuelles illicites aux yeux des dirigeants. Elle s’intéresse aussi à la délinquance d’affaires que les salariés commettent sous la pression des dirigeants. Reste le cas où une grande part de l’entreprise, dirigeants et salariés, bascule dans la fraude, en une collusion tacite. Au-delà des questions de contrôle et de gouvernance que ce cas de figure pose, on peut s’intéresser au processus par lequel la fraude apparaît et se répand puis finit par trouver une fin. Nous formulons l’hypothèse que ce processus repose sur deux effets, l’un, individuel, d’addiction, l’autre, collectif, de contagion, qui trouvent en eux-mêmes leur propre limite. Nous confrontons ce modèle au cas d’une Société d’Economie Mixte d’aménagement foncier et en tirons la conclusion que la lutte contre la fraude est avant tout une affaire de conscience morale et de force de caractère.