Une enquête menée auprès des assistants parlementaires au Parlement européen questionne l'identité au travail de ces auxiliaires politiques. « Petites mains » et « courroies de transmission » devenues essentielles et indispensables à l'activité des élus, ils sont en même temps dans une situation de subordination et de relative précarité. D'un côté, dans les coulisses d'une institution prestigieuse, ces jeunes diplômés concourent à l'élaboration de décisions et d'un espace de pratiques spécifiques, aident à la préparation de décisions. D'un autre côté, susceptibles d'être licenciés à tout moment, ils sont confrontés à une incertitude due aux résultats des élections et à l'absence d'un statut-en lien avec l'absence d'homogénéisation au niveau européen qui crée une disparité des salaires pour des tâches sensiblement équivalentes, voire des situations d'illégalité. Tout en gardant à l’esprit que leur précarité reste relative par rapport à d’autres activités professionnelles, le chapitre montre que si les assistants des députés européens sont diplômés à bac+5, fortement sélectionnés et parfois bien rémunérés, ils épousent certains traits d’une « misère de position », à l’image du contrebassiste au sein de l’orchestre décrit par Patrick Süskind dans « une position inférieure et obscure à l’intérieur d’un univers prestigieux et privilégié » (Bourdieu, 1993, p.11), une position essentielle dans l’orchestre mais pas ou peu visible.