La robotisation de l’homme implique le développement d’une hybridation plus ou moins intime avec la machine qui peut avoir deux justifications. Lorsqu’elle participe à la réparation de l’être humain, la robotisation engendre une modification du statut du robot qui passe de la catégorie des choses à celle des personnes. En effet, d’un point de vue juridique, la prothèse robotisée étend les limites physiques de la personne humaine. Cependant, son port ou son implantation dans ou sur le corps humain conditionne la mutation de sa nature juridique, car la prothèse est une chose très particulière. Si elle est insaisissable, surtout en tant qu’accessoire, elle suit le régime juridique du principal correspondant au corps de la personne. La transformation de la nature juridique de la prothèse robotisée produit également des conséquences en droit de la responsabilité civile non seulement en cas de dommages causés par la prothèse robotisée, mais aussi à la prothèse robotisée. Finalement, il nous semble concevable de considérer la robotisation du corps comme moyen de compensation des préjudices corporels. Toutefois, à mesure que l’aspect thérapeutique de l’hybridation est gommé, la difficile délimitation de la frontière entre réparation et augmentation produit des effets sur la distinction entre les personnes et les choses, spécialement pour les technologies contrôlées par la pensée. En outre, les droits fondamentaux sont également interrogés par l’hybridation du corps à des fins transhumanistes. On peut penser que la liberté personnelle constituera le prétexte transhumaniste à la robotisation du corps. Dès lors, quel rôle pourraient jouer les principes du droit au respect, à l’inviolabilité et à l’intégrité du corps humain face au corps hybridé de l’homme augmenté ? Il semble défendable d’affirmer que ces principes permettraient dans une certaine mesure à une personne d’interdire à un tiers de lui imposer une hybridation quelconque avec la machine.