De nombreux robots sont susceptibles d’être utilisés comme médias thérapeutiques en santé mentale. Les robots sociaux sont employés pour la stimulation cognitive et émotionnelle des patients, à l’image du bébé phoque Paro destiné aux personnes atteintes d’Alzheimer ou encore du robot humanoïde Nao employé auprès des enfants atteints d’un trouble du spectre autistique. Ces robots présentent de grands bénéfices car ils sont prévisibles et mécaniques, de sorte que les enfants qui craignent la relation au thérapeute trouvent une voie pour apprendre à explorer la rencontre avec l’autre. A côté des robots sociaux, d’autres machines présentent de l’intérêt, comme les robots animaliers ludiques, qui font office d’animaux de compagnie pour les personnes âgées, ou les robots d’assistance qui permettent de compenser les déficiences intellectuelles ou cognitives de la personne, de la soutenir dans ses activités, et de veiller sur elle. Cependant comme ces robots travaillent en interaction avec l’homme, ils présentent des problématiques juridiques et éthiques particulières. Ce lien avec l’humain permet de poursuivre des objectifs thérapeutiques, mais pose aussi des questions juridiques qui échappent souvent au professionnel de santé mentale, à savoir les exigences juridiques concernant l’utilisation par le thérapeute en santé mentale d’un artefact robotisé, et le problème de la nature juridique de cet artefact et ses conséquences sur son usage en thérapie, spécialement dans l’hypothèse d’une évolution du statut juridique du robot. De même, les problématiques éthiques sont particulièrement complexes en santé mentale. Le robot ne sera pas en contact avec une population non clinique, mais précisément avec une personne atteinte d’une pathologie ou d’une altération mentale. En robotique d’assistance, la personne fragile sera placée seule face au robot et contrainte d’interagir avec lui en dehors du cadre spécifique de la médiation en robotique thérapeutique. La pénétration des robots dans la société doit être soigneusement pensée en termes éthiques. En effet, ces technologies innovantes offrent de nouvelles pistes thérapeutiques pour traiter les personnes atteintes de certains désordres mentaux ou pour les assister à leur domicile. Mais l’utilisation des systèmes robotiques au quotidien par les malades pourrait pousser la société à imposer une vision ultrasécuritaire et déresponsabilisante pour l’individu déjà fragilisé par la maladie, organisant alors une forme de totalitarisme technologique d’autant plus insidieuse qu’elle donnerait à tous une bonne conscience. Aussi, il semble important de mettre en place une protection renforcée de la liberté et de la vie privée de la personne, même atteinte d’une maladie mentale, qui sera laissée seule à son domicile face à son robot.