Une grande variété d’outils d’IA a permis aux décideurs publics, aux chercheurs, aux soignants et à la population de lutter contre la pandémie de la Covid. Si l’Asie a recouru le plus à l’IA, en France, cette technologie a joué un rôle très subsidiaire ; la réponse ayant surtout été humaine. La pandémie a également eu un effet sur l’IA, puisqu’elle a considérablement accéléré les recherches et a participé au déploiement et à l’adoption plus rapide de certains usages, comme la robotique ou la télémédecine. Toutefois, on constate que le recours à l’intelligence artificielle pendant la Covid n’a pas fondamentalement modifié les questions juridiques et éthiques qui se posaient déjà en IA, mais a parfois permis de les pointer avec plus d’acuité. Les outils d’IA ont ainsi rempli un rôle en matière de santé publique. Ces technologies ont été mises, d’une part, au service de la prévision des épidémies et de la recherche. Elles ont également été utilisées, d’autre part, pour la détection et la prévention automatisées des malades ou du respect des consignes sanitaires. Dans ce domaine, l’emploi de l’IA soulève une multitude d’interrogations tant juridiques qu’éthiques. C’est spécialement vrai en matière de surveillance des personnes, qui est susceptible non seulement de porter atteinte à des droits humains, comme la liberté de circulation ou la vie privée, mais également de poser de graves questions éthiques en cas de pérennisation des mesures exceptionnelles après la crise sanitaire ou de banalisation de la surveillance généralisée des personnes sur un modèle « à la chinoise ». Les outils d’IA se sont également déployés dans en matière de soins. Dans ce secteur, des technologies sont, d’une part, mises au service des personnes vulnérables. On les rencontre en télémédecine, dont les règles juridiques ont évolué pour s’adapter à la crise sanitaire. La robotique de service a également permis de maintenir le lien social, mais a suscité des interrogations éthiques au regard d’une certaine immixtion dans la sphère personnelle de la personne fragile, et pour laquelle il faut pouvoir garantir la non-malfaisance de ces interfaces numériques. Lorsque l’IA est placée au service des personnels de santé, d’autre part, c’est surtout la question de l’IA d’aide au diagnostic et à la décision qui interroge. A cet égard, l’un des aspects les plus délicats d’un point de vue éthique concerne l’IA d’aide au tri des patients, qui n’est pas sans rappeler le dilemme du tramway. Il existe également un certain nombre de robots de service utilisés pour protéger la santé des personnels à l’hôpital ou ailleurs, qui ne posent guère de problèmes juridiques ou éthiques, en dehors de la question récurrente du risque de disparition des emplois.