« E mi lassa dolanta », la chanson d’amour troubadour oubliée dans le livre de comptes aurillacois de 1439
Résumé
Les Archives départementales du Cantal conservent une partition manuscrite d'une chanson d'amour écrite au féminin, pour trois voix, dans le style troubadour, en langue romane. Les pièces de ce genre, datées de la fin du Moyen Âge, n'ont été retrouvées à ce jour qu'en très petit nombre.
Ce nouvel exemplaire méritait quelque attention, d'autant que sa disposition selon une organisation gigogne semblait rendre compte d'un contexte archéologique assez bien préservé, y compris sur le plan chronologique. Cette partition, anonyme, non datée et non localisée, a été pliée pour être convertie en une chemise. Elle contient un feuillet de comptes de l'église Notre-Dame d'Aurillac daté de 1439. Cette chemise a elle-même été glissée dans le registre des comptes de l'établissement à la page de l'année comptable de 1439-1440.
Où fut produit le papier ayant servi à copier cette partition ?
Comment l'analyse des papiers (chemise-partition, feuillet et registre) peut-elle éclairer ce document musical ?
Conforte-t-elle, bouscule-t-elle la proposition de datation précoce que semblent encourager les pièces comptables environnantes ?
S'intéresser au support pour le décrire est l'occasion d'un enrichissement documentaire et d'une contextualisation dont les linguistes, les historiens de la littérature, les musicologues et les musiciens peuvent s'emparer à leur tour.