La problématique de l’approvisionnement en eau, notamment en milieu urbain, est révélatrice des stratégies mises en place par les sociétés anciennes en réaction à leur environnement. À la fin du Moyen Âge, la position de la ville de Moissac, à la frontière entre deux formations sédimentaires, permet à la population de puiser son eau à la fois dans un aquifère alluvial et dans un ensemble de petits aquifères pris dans les sables des coteaux molassiques. La compréhension des modalités de gestion de l’eau de consommation, à partir des observations archéologiques et historiques, met en évidence une dichotomie de l’usage des eaux en fonction de leur provenance, qu’il est possible d’appréhender grâce à une démarche géoarchéologique. L’analyse morphosédimentaire d’une part, de l’évolution de la plaine alluviale du Tarn, dans un contexte de proche confluence avec la Garonne, et d’autre part, du développement d’une zone humide progressivement anthropisée au moins depuis l’Antiquité, puis nettement à partir de l’An mil, et sur laquelle s’est installée la ville de Moissac, apporte des clés de compréhension sur l’organisation urbaine ainsi que sur la répartition des sources d’eau claire. L’étude des archives sédimentaires contribue donc à se questionner sur les modalités puis les conséquences de l’anthropisation de la zone humide. L’approche archéo-historique des structures d’alimentation en eau participe également à cette réflexion sur le développement urbain, en lien avec la ressource en eau et son exploitation. Cette démarche pluridisciplinaire et ce choix de croiser géomorphologie, archéologie et sources textuelles, permet de cette manière de s’interroger sur la relation entre un environnement, ses atouts et ses contraintes, et l’urbanisation. On cherchera ainsi à évaluer l’altération des ressources en eau du fait de l’anthropisation au Moyen et à comprendre quels sont les enjeux de la répartition des eaux de consommation dans la formation urbaine.