Dans la foulée des données que nous avons recueillies dans une recherche sur la sous-valorisation des emplois à prédominance féminine, nous avons découvert que les procédés usuels d’établissement de la rémunération, notamment les méthodes d’évaluation des emplois, pourraient avoir un impact sur la sous-valorisation du travail du care à prédominance féminine. Il existe notamment une difficulté dans l’analyse et l’évaluation même de ces emplois, car le marché du travail actuel demande de mobiliser le langage statique de la spécialisation et de la compétence alors que celles et ceux qui occupent ces emplois témoignent davantage de l’expérience du care, notamment déterminée par le contexte et la situation. Aussi, il devient difficile d’apprécier et d’évaluer ce travail réel à sa juste valeur en raison parfois de son invisibilité (Dejours, 2003) et de son caractère souvent non quantifiable (Ganem, 2011). Selon Dejours et Gernet (2016), ces savoir-faire sont discrets puisqu’ils consistent à anticiper les besoins d’autrui et ne sont visibles que lorsqu’ils ne sont pas réalisés. Il requiert de faire preuve d’anticipation, d’interprétation et d’intelligence des circonstances (Molinier, 2013).