Des familles françaises face à l’inceste commis par un mineur : arrangements familiaux avant et après les interventions institutionnelles
Résumé
Lorsqu’il advient, l’inceste commis par un mineur n’est pas un bouleversement biographique en tant que tel. Il s’inscrit aisément dans le quotidien des familles, s’appuyant sur des pratiques de parenté préexistantes et sur l’asymétrie des rapports de pouvoir entre collatéraux concernés selon leur genre, leur âge et l’ordre des naissances. La révélation de l’inceste, en revanche, est un cataclysme pour les familles, même si parfois, « tout le monde savait ». À différents moments de la temporalité de l’inceste, les arrangements sont au cœur de la réorganisation des familles et prennent des formes distinctes selon les configurations d’inceste. Qu’il soit commis par un frère dans la famille nucléaire, par un demi ou quasi-adelphe dans des familles recomposées ou par des cousins germains, le dévoilement de l’inceste produit des effets successifs qui demandent aux adultes de la famille de s’adapter et de réagir, en mettant à
contribution des membres de la famille élargie ou en prenant acte des ruptures parfois irrémédiables au sein de la parenté. Dans cette communication, je traite des arrangements de famille afin d’illustrer ce qui advient dans les familles françaises lorsqu’un inceste commis par un mineur est révélé, d’abord au sein de la famille puis auprès des institutions socio-judiciaires.