Les « questions socialement vives » constituent aujourd’hui un enjeu majeur de l’enseignement de l’histoire, et concernent des thématiques renvoyant à des sujets chargés d’affect et suscitant parfois des polémiques politiques et/ou médiatiques (histoire de la (dé)colonisation, de l’immigration, des génocides…). Dès le XIXe siècle, moment de mise en place progressive d’un enseignement de l’histoire institutionnalisé dans les établissements secondaires puis primaires, cette discipline a été confrontée au problème du traitement de questions susceptibles de créer des divisions, à commencer par la période révolutionnaire et, plus généralement, celle ouverte par 1789. Les affrontements politiques dont est marqué le XIXe siècle, la succession relativement rapide de régimes différents et opposés, les révolutions, les coups d’État et toutes les formes de violence politique, font de leur enseignement un sujet potentiellement brûlant, en tout cas sensible. Il s’agira donc de montrer de quelle façon le débat a pu se poser d’une part dans la définition des programmes, d’autre part dans les pratiques de terrain, celles des professeurs d’histoire, dans le quotidien de leur mise en œuvre pédagogique et notamment de l’utilisation des manuels.