Lors d’une naissance prématurée, la période post-natale idéalisée laisse place à une expérience anxiogène voire traumatisante pour les parents. Sont souvent exprimés, un sentiment de culpabilité, une anxiété quant à la survie de l’enfant et à leurs propres compétences parentales. En effet, est constatée chez les mères d’enfants prématurés, ce même jusqu’à 18 mois après la naissance, une prévalence plus importante d’anxiété parentale, de dépression postnatale et d’état de stress post-traumatique (Brunson et al., 2021). Ces états psychologiques influencent la capacité des parents à interagir avec leur nouveau-né, ainsi que le contenu de ces interactions. Dans ce contexte, des protocoles de soins de développement par stimulations tactiles et/ou kinesthésiques (e.g. soin kangourou/ « peau-à-peau », stimulations proprioceptives) ont été instaurés dans les unités de réanimation néonatale et de néonatologie. Si l’effet bénéfique de ces soins sur le développement ultérieur des enfants prématurés a été mis en évidence dans de nombreuses revues systématiques et méta-analyses, la question de leur impact sur la symptomatologie anxiodépressive des parents qui les pratiquent subsiste. Pour répondre à cette question, nous avons effectué une revue systématique en recherchant dans les bases de données PubMed, PsycInfo, Scopus, ScienceDirect et Google Scholar, les publications en anglais des 10 dernières années sur ce sujet. Les résultats de cette revue suggèrent un effet bénéfique des stimulations tactiles et/ou kinesthésiques précoces pratiquées par les mères sur leurs bébés prématurés sur leurs niveaux d’anxiété parentale et de dépression post-natale. Néanmoins les données sont manquantes en ce qui concerne les signes de stress post-traumatique maternels, et la symptomatologie paternelle. Deux principales hypothèses explicatives de l’effet bénéfique des stimulations tactiles et/ou kinesthésiques sur la symptomatologie parentale sont envisagées : l’une réfère aux avantages physiologiques du contact tactile et kinesthésique (e. g. rôle de l’hormone ocytocine), l’autre tient davantage compte de l'environnement social et des mécanismes psychologiques impliqués lors de ces soins interactifs. En conclusion, cette revue met en exergue que les interventions tactiles et/ou kinesthésiques peuvent agir comme facteurs de protection contre la survenue de symptômes anxieux et dépressifs chez les parents dont l’enfant est hospitalisé en unité de réanimation néonatale ou de néonatologie en raison de sa naissance prématurée. Elle donne aux cliniciens qui prescrivent et pratiquent ces soins au quotidien un aperçu de leur impact non seulement sur les enfants qui en bénéficient, mais aussi sur les symptômes anxiodépressifs des parents qui les prodiguent.