Cette prospection archéologique diachronique a été réalisé dans le cadre du mémoire du responsable scientifique, soutenu à Aix-Marseille Université. Ce travail est intitulé "Habitats temporaires et exploitation des ressources naturelles du XVIe au XXe siècle à Ville-di-Pietrabugno (Haute-Corse) : inventaire archéologique et réflexions préliminaires sur l’utilisation d’un espace rural aux époques récentes" . Cette étude s’est structurée autour de deux volets principaux. Le premier est une enquête orale et archivistique dont le but était de récolter des informations d’ordre historique et ethnographique via des documents cartographiques comme les plans et registres du Terrier, le cadastre napoléonien ou encore des entretiens avec les habitants. Ces enquêtes ont permis de repérer des zones et de potentiels sites à prospecter. Le second volet est une prospection archéologique menée sur les communes de Ville-di- Pietrabugno et de Bastia. L’opération a été réalisée du 21 février au 5 mars 2022 et du 8 au 15 août 2022, en coopération avec l’Associu Cuciurpula et avec Fiona Cornet (alors étudiante en Master Archéologie sciences pour l’archéologie à AMU). Durant ces trois semaines de terrain, une équipe composée de 2 à 5 bénévoles a prospecté le territoire de la commune de Ville di Pietrabugno (2B353) et les hauteurs du hameau de Cardo à Bastia. Les enquêtes orales et archivistiques puis les campagnes de prospection ont permis de parcourir 52 sites dont 50 non connus du SRA. Le choix de recherche s’est principalement porté sur Ville-di-Pietrabugno au vu de la quasi-absence d’étude archéologique ou historique de ce territoire. L’enjeu était donc de redécouvrir et de remettre en valeur un paysage disparu, de plus en plus urbanisé ou couvert par la végétation, étudier les vestiges des périodes modernes et contemporaines qui, sont encore à ce jour, très peu sujets à études et ainsi, établir un corpus afin de reconstituer la construction et l’évolution de Ville-di-Pietrabugno. L’étude des données archivistiques et archéologiques a montré une occupation continue du territoire depuis le Moyen-Âge et très importante à partir des XVIIIe-XIXe siècles. Les sites sont principalement de chronologie « récentes » et situés dans les zones rurales. Le territoire étudié est un espace de périphérie urbaine, recouvert de terrasses, qui a su se développer parallèlement à la ville jusqu’au XXe siècle. L’urbanisation et l’amputation du sud-ouest du territoire au profit de Bastia à partir du XIXe siècle, ont d’ailleurs fait disparaître quasiment tous les témoins de l’occupation à l’est de la commune et sur la frange littorale. Toutes les ressources semblent être exploitées, faisant du territoire, une zone relativement plus riche que d’autres villages jusqu’au début du XXe siècle. L’ager, majoritaire dans la répartition de l’occupation au XVIIIe siècle, se partage la plus grande partie de l’espace avec le saltus, qui n’est pas exploité et occupé comme les autres espaces pastoraux de Corse (présence notamment d’un artisanat et d’un commerce de la neige et de la glace). Malgré de nombreux changements politiques, ce sont donc différents facteurs comme la démographie, l’urbanisation, l’industrialisation et la proximité avec la ville qui jouèrent un rôle dans le développement et l’occupation du territoire.