La question de l’interprétation fonctionnelle et économique des bâtiments et des structures immobilières constituant la partie d’exploitation des établissements agricoles n’est pas nouvelle. Elle a été posée dès le XIXe s., comme le rappellent plusieurs auteurs dans les actes de ce colloque (notamment A. Ferdière et P. Leveau). Si elle a donné lieu à un colloque entièrement consacré à ce sujet – le XIe de l’Association d’étude du monde rural gallo-romain –, c’est que deux évolutions majeures ont conduit depuis les années 1980 et surtout 1990 à la renouveler en profondeur : d’une part, la multiplication des données consécutive au développement de l’archéologie préventive, qui offre la possibilité de constituer des séries au sein de corpus de plus en plus étoffés ; d’autre part, l’apparition et la diffusion de nouvelles méthodes d’investigation et, corrélativement, la définition de nouveaux marqueurs fonctionnels, issus notamment des sciences dites “dures”, de plus en plus intégrées à la démarche archéologique (géoarchéologie, bioarchéologie, géochimie). D’une manière générale, la question bénéficie aussi d’une réflexivité critique accrue de la discipline archéologique, qui accorde une place de plus en plus importante à l’analyse, à la compréhension et à la contextualisation des processus, qu’il s’agisse des processus de constitution primaire de l’information archéologique (dépôt, stratification, processus post-dépositionnels, taphonomie) ou des processus socio-économiques qu’il est possible d’entrevoir et parfois de reconstituer à partir de ces données. Si le premier objectif de ce colloque et de la publication de ses actes est d’attirer l’attention des archéologues sur l’importance de l’enjeu que constitue la question posée pour l’étude des campagnes et plus largement de l’économie gallo-romaines, le second concerne la nécessité d’adapter les méthodes d’investigation, de manière à prendre en compte le plus large éventail possible de “marqueurs fonctionnels”. L’une des finalités de cette synthèse est précisément de dresser un bilan de ces marqueurs, en mettant l’accent sur leurs apports, leurs limites et l’intérêt de les combiner.