La danse des bals et la recherche
Résumé
Jusqu'à la fin des années 1990, la danse n'avait guère fait l'objet de recherches systématiques en sciences sociales, sans doute parce qu'elle était au plus bas de la hiérarchie des objets de recherche. Puis elle a connu un renouveau, qu'il s'agisse de la danse de rue, de la danse contemporaine ou des danses de bal . Et, parallèlement, se sont amorcées à l'université, au Ministère de la culture, des études sur ces pratiques reléguées comme mineures, que ce soit dans le champ artistique ou dans celui, plus général, des pratiques culturelles. Dans l'univers artistique, la danse a longtemps été considérée comme « un art mineur » et cette position était bien ressentie comme telle par les chorégraphes et les danseurs eux-mêmes1. À l’université, son droit de cité, malgré le développement de départements Danse, demeure précaire et mal établi : à côté de la musicologie, il n’y a pas de département de « choréologie » et auprès des ethnomusicologues coexistent bien quelques « choréo-ethnologues? », mais l’inversion même des termes montre à quel point la discipline scientifique (ici, l’ethnologie) tend à s’effacer derrière cet objet indigne d’elle4. Quant aux danses de bal, dénuées de l’aura artistique des danses de scènes, elles se situent à l’intersection de plusieurs champs, ce qui ne contribue pas à asseoir leur légitimité. De sorte qu’elles semblent être frappées d’une double indignité : indignité scientifique et indignité culturelle.
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