Le poids symbolique du biface auquel ils sont souvent associés et leur caractère peu normé, tant du point de vue morphologique que technologique, ont largement contribué à « l’invisibilisation » des petits outils dans les assemblages du Paléolithique ancien en Europe. Pourtant, ils sont les principaux vecteurs de la variabilité technique en Europe centrale et ils occupent une place importante dans certaines régions de l’espace acheuléen en Europe occidentale. Cette absence de prise en compte de la variabilité des supports d’outils au Paléolithique ancien se renforce aujourd’hui puisque la tendance est de ne s’intéresser qu’aux grands phénomènes (modes « 1 » et « 2 », approche fondée sur les types humains...). Mais ce retour au fossile directeur qui ne dit pas son nom ne doit pas masquer la pluralité des études qui ont été menées depuis les années 1930 sur ces petits outils en Europe par des chercheurs soucieux de décrire, avec les méthodes de l’époque, ces productions humaines. Nous tenterons donc dans cet article de retracer l’évolution des approches autour de cette catégorie encore très floue de « petits outils », des travaux d’Henri Breuil aux études des chercheurs hongrois, allemands et italiens. Ensuite nous nous attacherons à montrer comment la méthode techno- fonctionnelle a permis de mieux décrire ces outils tandis que les autres approches uniquement morphologiques ou technologiques ont peiné. Enfin nous interrogerons la pertinence d’une telle catégorie en comparaison avec les autres grandes modalités de production d’outils (bifaces, éclats, laminaire, etc..).