L’équipe a mené plusieurs terrains ethnographiques en régions Île-de-France et Sud dans des structures proposant une offre spécifique de formation à l’islam et auprès des agents de cette transmission religieuse (enseignants, responsables pédagogiques et associatifs et parents). Le premier constat issu des résultats d’enquête est que cet enseignement confessionnel s’organise en association loi 1901, même quand il s’agit de structures fondées sous l’égide d’un maître coranique. À partir des modes d’organisation et d’appellation de ces offres nous avons établi une typologie des institutions : « la mosquée », « l’école coranique » et « l’institut-école ». La mosquée propose des cours aux enfants qui se déroulent en son sein. Les cours y sont généralement professés par l’imâm et/ou un corps professoral. Ici c’est le contexte du lieu qui doit être souligné car d’autres activités s’y déroulent. La mosquée peut être affiliée à une fédération nationale qui peuvent induire des lignes pédagogiques spécifiques. L’école coranique est dévolue à cette seule fonction d’enseignement, elle s’organise autour du maître coranique, qui en défini les programmes et la pédagogie. L’institut-école est organisé autour d’une équipe professorale et d’une direction, cette catégorie reprend les terminologies émiques, qui indiquent que les représentants et responsables souhaitent clairement inscrire l’activité de formation dans l’identité de la structure. Si elles peuvent être associées ou affiliées de manière informelle à une autre structure de type mosquée, ou de manière plus formelle à une école privée musulmane, cela n’est pas toujours le cas. Pour ces trois formes, les cours sont très majoritairement payants, le nombre d’élèves inscrits varie d’une structure à l’autre (entre 55 et 600). Les enfants sont accueillis dans l’ensemble, entre 4 ans et 15 ans. Depuis environ 2014, plusieurs centres ouvrent des sections « découverte » pour les petits de 3 à 6 ans. Sur les terrains investis, l’âge d’accueil des élèves se situe plutôt autour de 6 ans. Les effectifs diminuent fortement à partir de l’adolescence. Dans l’ensemble, les mosquées et les instituts-écoles n’indiquent pas d’origine culturelle nationale, sauf s’ils appartiennent à une minorité musulmane comme par exemple les Mauriciens et les Turcs. En revanche, les écoles coraniques le font. Après avoir présenté le cadre de la recherche par l’approche méthodologique choisie et les lieux investis, les résultats sont présentés de façon thématique. Tout d’abord, les supports pédagogiques et usages sont analysés à travers les méthodes employées, celles diffusées par des maisons d’éditions, celles développées par des institutions spécifiques et enfin celles « bricolées » au quotidien par les enseignants. Nous abordons aussi dans cette partie les matérialités et les styles pédagogiques. Dans un deuxième temps, nous analysons ce qui se joue autour de la langue arabe entre religion et cultures, comme capital et comme compétences linguistiques et esthétiques. Enfin dans une dernière partie nous étudions les circulations des modèles d’enseignement et les techniques de recherche de prestige. Ainsi, nous mettons au jour les modes de validation et la valorisation des apprentissages, les « présentations de soi » autour d’activités comme les fêtes de fin d’année, les concours coraniques auxquels peuvent participer les institutions, pour enfin replacer ces offres dans un contexte institutionnel autour des activités péri-religieuses, telles que les conférences, les rencontres philosophiques, les sorties, etc. Enfin, en conclusion, nous soulignons les décalages entre les attentes des parents et celles de l’institution autour de la langue, des rythmes et des évaluations. Nous revenons sur la question des modèles empruntés (à l’école nationale d’État plus qu’au modèle traditionnel) et au processus de professionnalisation de cette offre. De plus, nous suggérons qu’une étude comparative soit menée sur les enseignements religieux dans leur ensemble (catéchisme, Talmud Torah et enseignement protestant) afin d’étudier plus avant la question de l’empreinte que l’école républicaine imprime sur les enseignements dispensés dans ces structures.