À Gardanne, les boues rouges issues de la production d’alumine sont objet de conflits et de controverses depuis plusieurs dizaines d’années. La question de la toxicité ou de l’innocuité des boues rouges est au cœur de ces controverses qui impliquent plusieurs acteurs : riverains, usagers de la mer et écologistes, l’industriel, scientifiques et experts, autorités politiques, et enfin ouvriers, bien qu’ils soient moins visibles dans ce débat public. Cet article propose d’aborder cette question de la toxicité ou non-toxicité des boues rouges portée par les mobilisations, l’industriel et les ouvriers sur la période de 1960 à nos jours, en s’appuyant sur des données qualitatives. En mobilisant le cadre d’analyse des problèmes publics, nos résultats mettent en lumière les différentes perceptions de la toxicité des boues et poussières rouges, et les luttes définitionnelles associées. Ils rendent compte également de l’évolution du débat entre et au sein de chaque catégorie d’acteurs et des lignes de clivages qui les traversent.