Après la Seconde Guerre mondiale, l'objectif premier des politiques publiques occidentales a été d'augmenter la productivité agricole et de subvenir massivement à la demande alimentaire en réduisant les coûts de production. L'agrochimie (pesticides, engrais), la mécanisation et une politique agricole européenne ont permis d'atteindre ces objectifs ambitieux. Néanmoins, un demi-siècle de ces pratiques intensives a mis en évidence des impacts négatifs, des risques environnementaux majeurs et des bouleversements durables des paysages et des pratiques agricoles. Bois, bosquets et haies ont été détruits pour agrandir les parcelles cultivées, les exploitations se sont fortement agrandies, le taux d'actifs dans le secteur agricole a fortement diminué, l'économie mondiale s'est imposée. Pourtant, les arbres ont un rôle prépondérant contre l'érosion, ainsi que dans la conservation des sols en stockant le carbone, en permettant une vie biologique riche dans le sol et en abritant des insectes auxiliaires dans la canopée. Les rangées d'arbres jouent également un rôle important en tant que brise-vent et barrières à la diffusion atmosphérique des pesticides. Les arbres créent un habitat pour les auxiliaires des ravageurs des cultures, surtout dans les régions où les haies et les bosquets ont disparu depuis longtemps. Ils peuvent également constituer une réserve de pathogènes fongiques ou bactériens. Ils rendent le paysage rural agréable pour la population. Le nouveau projet de recherche TETRAE-AC²TION, vise à étudier les performances environnementales et socio-économiques des systèmes agroforestiers (association dans une même parcelle agricole, d'arbres et de cultures) dans le Sud-Ouest de la France. Nous utiliserons des méthodes multicritères pour l'aide à la décision : Electre Tri-nC et Electre III pour réaliser cette évaluation des performances agroforestières. Des critères qualitatifs et quantitatifs permettront de comprendre les impacts d'un tel dispositif sur le microclimat, et la biodiversité. De même, sur l'enrichissement du sol pour la nutrition minérale des plantes, et les externalités positives pour l'homme. Mais l'agroforesterie devrait aussi permettre de réduire les pathogènes des cultures en vue de réduire l'utilisation des pesticides. Cette étude sera utile pour fournir aux acteurs de terrain, une aide à la décision pour leur changement de système de gestion, notamment ceux qui sont dans des processus intensifs. Elle est également très utile localement pour réconcilier la population urbaine avec les pratiques agricoles.