Plutôt que « d’abolir la catégorie de sexe », comme disait Wittig, la création systématique de formes épicènes apparait aujourd’hui aux linguistes représenter la solution la plus praticable dans un contexte culturel encore furieusement attaché à la division femme/homme. Il s’agit en réalité d’une solution conceptuelle simple (sur le modèle d’« iel » adopté en 2021 par le Petit Robert) visant à systématiser l’épicénie déjà partiellement présente dans la langue (par exemple les pronoms je et tu, les substantifs enfant, sociologue, ont des formes épicènes). « Débinariser » ou épicéniser ̶ terme que nous pensons être le plus approprié ̶ consiste alors à inventer des formes alternatives en place des marques du féminin et du masculin présentes au niveau du lexique et des accords grammaticaux. Nombre de propositions ont déjà vu le jour dans ce sens au sein de la francophonie. Cependant, comme peu de personnes, comme le dit D. Elmiger, ont vu la nécessité de faire un effort de systématisation lexico-grammaticale, les solutions sont souvent partielles, ou complexes (Alpheratz, Borde). Nous proposons avec la « solution en i », une solution cohérente, intuitive, parcimonieuse, qui marche à l’oral comme à l’écrit, et qui laisse tranquilles le féminin et le masculin des choses et des concepts. Nous avons initié une approche expérimentale de mise en application de nos propositions. D’une part en élaborant un logiciel de translation permettant une écriture automatique fondée sur notre système. D’autre part en évaluant la facilité d’usage des formes épicènes de ce système grâce à des tests en ligne. Nos premiers résultats indiquent qu’une brève phase d’apprentissage permet d’obtenir des taux d’erreur remarquablement faibles pour leur emploi.