La personnalité scientifique d’Eric Boëda et l’approche de l’évolution technique aux périodes préhistoriques qui lui est propre ont d’une certaine façon éclipsé un parcours d’archéologue de terrain bien singulier dont nous proposons d’examiner quelques points saillants. Ce parcours, fondé sur l’analyse d’assemblages lithiques depuis le Pléistocène inférieur jusqu’à l’Holocène moyen, de la France à l’Amérique du Sud, dessine un cheminement qui ne laisse rien au hasard, alimentant spécifiquement sa réflexion sur les universaux de l’évolution technique aux temps préhistoriques. C’est avec l’image d’une roue crantée dotée d’un mécanisme à cliquet qu’on peut représenter le plus fidèlement la progression de sa pensée et de ses connaissances : sans retour ni détour. Terrains, collections et collaborations ont été savamment engrenés afin d’atteindre une perception globale de l’histoire des techniques. Pour autant, il n’a eu de cesse de distiller son savoir et son savoir-faire en matière d’industries lithiques et de taille de la pierre à des générations d’étudiants avec un charisme presque sans égal, parfois aux dépens de la communauté scientifique elle-même, si bien que ses doctorants ont été tout à la fois ses ambassadeurs, les extensions de sa pensée, des mandataires scientifiques, voire parfois sa garde rapprochée.