L’opération archéologique qui s’est déroulée dans l’angle sud-ouest du square Charles de Gaulle révèle une large chronologie couvrant toute l’ère historique avec un hiatus durant le haut Moyen-Age. L’occupation débute entre les années 20/40 de notre ère avec la réalisation d’un vaste creusement (une fosse ?) dont les limites ne sont pas connues. Celle-ci est recoupée, avant son comblement, par une tranchée globalement orientée est-ouest qui présente un léger décalage par rapports aux axes usuellement utilisés à Toulouse. Il pourrait s’agir de la suite du repentir du rempart antique observé à l’ouest de la place du Capitole par R. De Filippo (1994). Le remblaiement rapide et partiel de ces deux importantes excavations précède la construction, vers le milieu du Ier siècle, d’un mur nord-sud sur un terrain imparfaitement nivelé. C’est après le remblaiement définitif de la zone qu’un second mur est édifié. Il n’est pas perpendiculaire au mur préexistant contre lequel il s’appuie, mais il reprend l’orientation de la tranchée initiale au-dessus de laquelle il s’installe. L’espace situé dans l’angle formé par ces deux maçonneries est ensuite investi par une domus. De celle-ci, seuls un espace de service doté d’un bassin, probablement destiné à collecter l’eau de pluie, doté d’une évacuation vers le sud, et un petit espace bordé de galeries (atrium ?) se trouvaient partiellement inclus dans l’emprise de la fouille. Cette demeure, dont les niveaux de sols ne sont pas conservés, est arasée au plus tard dans le courant du IVe siècle. Le secteur n’est pour autant pas abandonné comme l’atteste la construction d’un nouveau bâtiment. Ce dernier, dont le plan est très partiellement reconnu, s’adossait peut-être vers l’ouest au mur antique le plus ancien qui semble avoir été épargné, au moins partiellement, lors de la démolition de la domus. Sa façade orientale est, dans un premier temps, matérialisée par un unique trou de poteau situé entre un sol de terre battue à l’ouest et un espace de circulation, ruelle ou cour, au sol composé de galets à l’est. Ce bâtiment est ensuite remplacé par une construction sur solin tandis que les sols sont rechargés. En limite ouest du chantier, une tranchée peu profonde à l’extrémité de laquelle se trouve un bloc de calcaire en remploi pourrait indiquer la présence d’un second bâtiment construit, puis démantelé, durant cette période. Le mobilier recueilli dans les couches associées à ces divers états couvre les IVe et Ve siècles de notre ère. Le creusement de plusieurs fosses, concentrées dans la partie nord-ouest de l’emprise de la fouille, et qui recoupent le bâti marque une nouvelle rupture dans l’occupation du site. Les deux plus anciennes contiennent du mobilier des IVe et Ve siècles tandis que la plus récente, qui recoupe les deux autres, a livré du mobilier de la seconde moitié du Ve siècle. Parmi les objets recueillis dans ces niveaux du Bas-Empire, des fragments de lingots de verre, des fragments d’un creuset et divers déchets attestent de la présence d’un atelier de verrier à proximité. Le site est encore fréquenté durant le haut Moyen-Age, comme l’attestent des fosses (l’une est datée des VI-VIIe siècles, une autre autour du Xe siècle) et un remblai (daté du VIIIe siècle). Les vestiges ténus d’une fondation de galets, qui recoupe le remblai du VIIIe siècle, témoignent en outre de la présence d’un bâtiment. Ces niveaux sont antérieurs à la création de la «carrierola de frenariis» (petite rue des Frèniers) dont la première mention date de 1181. La chaussée de cette rue qui deviendra au XIVe siècle la rue Romenguières ou Roumenguières, puis à partir de 1550 la rue du Poids de l’Huile, n’est pas conservée en raison des importants terrassements qui accompagnèrent la création du square, et le réalignement de la rue, dans la seconde moitié du XIXe siècle. Son emprise exacte a toutefois été reconnue, les fondations des murs modernes situés de part et d’autre de la chaussée sont en effet présents dans l’emprise de la fouille, avec au nord les fondations du « Logis de l’Ecu » bâti en 1538-1541.