Swinburne (1837-1909) fut une grande figure littéraire de la période victorienne qui marqua ses contemporains par la qualité, notamment prosodique, de ses oeuvres poétiques, mais aussi par leur contenu provocateur. Ainsi, dans Atalanta in Calydon paru en 1865, Swinburne n'hésita pas à rapprocher Dieu et le mal. De même, Poems and Ballads, publiés à trois reprises en 1866, 1878 et 1889, allèrent à l'encontre de l'horizon d'attente du public victorien en proposant une célébration érotique de l'amour physique et de la sensualité ; ce qui justifia, d'ailleurs, l'appartenance de l'auteur au mouvement, inventé et décrié par le critique Robert Buchanan, de « The Fleshly School of Poetry ». Ces audaces prosodiques et thématiques sont également présentes dans les écrits arthuriens de Swinburne qui sont au nombre de huit mais dont le plus célèbre est incontestablement « Tristram of Lyonesse » (1882). Ainsi, Swinburne fut l'un de ces nombreux auteurs et peintres victoriens qui puisèrent leur inspiration dans les légendes arthuriennes. En effet, le XIX e siècle britannique fut l'époque de ce courant artistique nommé le Renouveau Arthurien qui trouve ses racines dans le Renouveau médiéval insufflé dès l'époque romantique. Néanmoins, Swinburne se distingue de ses contemporains par la dimension moderniste qu'il confère à sa transposition en raison du lien étroit qu'il crée dans la facture de son poème avec l'opéra de Wagner et la philosophie de Nietzsche.