Intervenant après trois opérations de diagnostic qui ont couvert près de 4 hectares dans la plaine littorale au nord d’Antibes, la fouille exhaustive, portant sur une surface de 1400 m² dans la partie nord-ouest des parcelles, a permis d’affiner la perception de l’évolution morphologique du secteur, et des occupations humaines qui s’y sont succédées. La vocation agricole et horticole du quartier de Val Claret, traduite entre autres par les tranchées de défoncement modernes relevées dans la partie est du terrain fouillé, a fossilisé les séquences stratigraphiques qui ont étayé la reconstitution de l’évolution du secteur. L’étude des prélèvements effectués a permis de caler chronologiquement la constitution des divers corps sédimentaires composant l’armature du paysage et de déterminer les caractères principaux du couvert végétal et son évolution au cours de la période allant du Néolithique à l’âge du Bronze. Le matériel céramique de toutes les périodes chronologiques apparaît dans la plupart des cas en position secondaire. Ceci témoigne à la fois des phénomènes d’érosion et de brassage des terres par l’agriculture, ayant affecté les niveaux d’occupation, mais aussi de la relative densité de ceux-ci dans ce secteur, et révèle ainsi indirectement l’attractivité de la plaine littorale. Une série céramique homogène a pu cependant être isolée et se rattache au début de l’âge du Bronze ancien, sur la base des datations 14C et des comparaisons typologiques possibles.Le dossier constitué par cette étude s’articule autour des deux thèmes principaux que sont d’une part l’évolution morphologique et l’anthropisation du rivage au cours de la préhistoire et de la protohistoire, et d’autre part le passage de l’aqueduc romain de la Font Vieille.Dans le premier volet du dossier, la constitution du paysage littoral a pu être mieux appréhendée sur le secteur, et comparée aux données recueillies à la faveur d’autres interventions archéologiques récentes. Les changements qui façonnent le milieu au cours du temps sont à replacer à l’échelle du cadre géographique de la baie des Anges. Jusqu’à la fin du Néolithique, les charges détritiques transportées par les fleuves locaux, Paillon, Var, Loup, Brague, colmatent les rias avec leurs éléments les plus grossiers, tandis que les sables emportés par la dérive littorale, se déposent sur les rivages. Le phénomène est illustré à Val Claret par la formation de la dune au cours du Néolithique.À la fin de cette période, la réactivation des phénomènes érosifs, observée sur toute la région provençale et alpine, et amplifiée par l’activité humaine, se traduit sur le site par les apports de colluvions qui recouvrent progressivement la dune. Dans le même temps, en partie basse, une plage de galets se forme, en lien avec la redistribution latérale par le courant des matériaux alluviaux grossiers qui atteignent à présent le domaine marin. À cette période, la fréquentation du secteur par l’homme est attestée par quelques aménagements et par la présence d’un mobilier céramique attribué à l’âge du Bronze ancien.Le second volet recouvre l’histoire de l’aqueduc de la Font Vieille, construit durant le Haut-Empire et réhabilité intégralement à la fin du XVIIIe s. L’investigation menée sur l’aqueduc antique, largement étayée par l’étude conduite par l’ingénieur militaire D’Aguillon dans les années 1780, autorise la reconstitution du tracé et détermine des caractéristiques essentielles de l’ouvrage originel ainsi que des parties correspondant à sa remise en fonction lors de la période pré-révolutionnaire. L’analyse des échantillonsde mortiers offre une base référentielle.