Créé en 1961 par André Gutton (1904-2002) et Robert Auzelle (1913-1983), tous deux architectes-urbanistes formés à l'École nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA) et à l'Institut d'urbanisme de l'Université de Paris (IUUP), le Séminaire et atelier Tony Garnier (SATG) marque l'aboutissement d'une longue démarche entreprise dès les années cinquante pour institutionnaliser et autonomiser l'urbanisme dans les programmes d'enseignement de l'ENSBA d'une part, et repenser les modes pédagogiques d'autre part. Expérience singulière de réinvention de l'enseignement par l'atelier dans le contexte de crise des années soixante à l'ENSBA, il constitue également une transition de l'ENSBA aux instituts d'urbanisme. Encore assez méconnu , il a été toutefois déterminant sous plusieurs aspects : il dément l'idée communément admise d'une École des beaux-arts en sommeil et embourbée dans des pratiques jugées désuètes et académiques ; il s'inscrit plus largement dans un débat sur la structuration du champ disciplinaire de l'urbanisme et de la formation. Cet article explore les modalités et enjeux pédagogiques mis en oeuvre au sein du SATG et interroge les bénéfices d'une approche qui croise séminaire et atelier. Il explore, par extension, le lien qui s'établit entre sphères scolaire et professionnelle et fait l'hypothèse que le SATG a préfiguré une pédagogie développée ensuite dans les instituts d'urbanisme.