A partir d’un phénomène très actuel d’objet frontière des « fake news », la réinformation, nous interrogeons la reconfiguration des relations entre les professionnels de l’information et leurs publics au sein des frontières numériques. Cette « réinformation » dans la manière dont elle est construite n'est pas sans lien avec la désinformation. La réinformation relève des fake news au sens où la production et la diffusion d’information d’actualité sont manipulées en fonction d’une idéologie. Un phénomène de diffusion et de production qui a été rendu possible par le fonctionnement même des réseaux socionumériques. Ces derniers par l’utilisation d’algorithmes prédictifs facilitent et amplifient le partage de tels contenus (Edelson et al., 2021) en créant des bulles de filtre (Pariser, 2011). Avec l’avènement de la diffusion de l’information via les réseaux socionumériques, l’information n’est plus seulement l’apanage des journalistes (Coutant, 2016). Le nouvel écosystème informationnel a la particularité de dévoiler un fonctionnement plus complexe tant du point de vue de l’usage, de la réception de l’information mais aussi de la diffusion. Les usagers-récepteurs ont accès le plus souvent à l’information à la manière d’une sérendipité (Ertzscheid, Gallezot, Boutin, 2007). Une horizontalité qui a facilité la propagation de la réinformation, phénomène de défiance des médias qui, à l’origine, issu des mouvances de l’extrême droite s’est depuis généralisé. Nous verrons dans quelle mesure les journalistes peuvent faire face à la réinformation, cette information manipulée dans le but de défendre une idéologie. Et surtout quelles sont les possibilités de reconfiguration des pratiques journalistiques avec le numérique pour répondre aux publics lorsque l’information à l’origine de qualité professionnelle se retrouve manipulée à leur insu.