Quarante ans de débats autour des évaporites messiniennes de Méditerranée et de la crise qui leur est associée. Un défi scientifique passionnant, mais singulier et déroutant
Résumé
Since 1970, when the upper part of the Messinian evaporites were drilled in the Western Mediterranean, a heated debate has taken place in the gological community about the causes and processes involved in the deposition of these giant salt deposits. Did the Mediterranean Sea suddenly dry up? How such an event did arise? On the one hand, this paper aims to relate the history of knowledge on this outstanding “Messinian Salinity Crisis” event and, on the other, of the evolution of the geologists' attitude before a wealth of new, surprising or even contradictory information.
Four historical periods are identified:
-that of premonitory signs revealed by geological studies in the Rhône and Nile valleys or by Sicilian paleontology;
-1970-1990, when the first conceptual scenarios were published (desiccated deep basin, desiccated shallow basin, non-desiccated deep basin) and the controversy started, with special attention paid to fluvial erosion;
-1991-2007, characterized by robust advances in chronology and paleogeography, resulting in the development of new contrasted scenarios (diachronous or synchronous evaporites in peripheral and central basins) but leading to a hotly discussed state-of-the-art (the so-called CIESM “consensus”);
-2008-2018, marked by new advances and increasing stresses, particularly about the marine reflooding of the Mediterranean Basin that closed the crisis and the relationships between the Mediterranean and Paratethys, a brackish adjacent sea of which the Black Sea is the modern remnant.
The story ends in providing clues for forthcoming significant progresses in order to solve this so much enigmatic matter, if possible in a dispassionate atmosphere.
Depuis 1970, lors de la reconnaissance initiale par forage de la partie sommitale des évaporites messiniennes en Méditerranée occidentale, la communauté scientifique débat âprement des causes et processus de dépôt de cette puissante série salifère. La mer Méditerranée s’est-elle subitement asséchée ? Comment ? Cet article retrace d’une part l’historique de la connaissance sur cet événement hors normes dénommé « Crise de salinité messinienne » qui dura à peine plus d’un demi-million d’années, d’autre part l’évolution de l'attitude des géologues devant une quantité inattendue d’informations nouvelles parfois surprenantes voire contradictoires.
Quatre périodes historiques sont ici disséquées :
-celle des indices prémonitoires à partir de la géologie des vallées du Rhône et du Nil ou de la paléontologie sicilienne ;
-de 1970 à 1990, phase d’élaboration des premiers scénarios conceptuels (bassin profond asséché, bassin non profond asséché, ou bassin profond non asséché) et d’enclenchement de la polémique où l’argument de l’érosion fluviatile joua un rôle essentiel ;
-de 1991 à 2007, avec des avancées solides en matière de chronologie et de paléogéographie aboutissant à l’élaboration de nouveaux scénarios antagonistes (diachronie ou synchronisme entre évaporites des bassins périphériques et celles des bassins centraux) avec publication d’un état des lieux circonstancié connu comme
« consensus » de la Commission Internationale pour l’Exploration scientifique de la mer Méditerranée (CIESM) ;
-de 2008 à 2018, période marquée par de nouveaux progrès amenant une recrudescence des tensions, notamment sur le ré-ennoiement marin du bassin méditerranéen signant la fin de la crise et sur les relations entre Méditerranée et Paratéthys, cette mer saumâtre adjacente dont la mer Noire est le résidu.
Le récit s’achève sur des indices permettant d’espérer de nouveaux progrès déterminants à venir qui permettraient de résoudre cette affaire ô combien énigmatique dans une ambiance dont il faut souhaiter qu’elle retrouve une certaine sérénité.
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