Relire "Notes sur l'affaire Dominici" de Giono
Résumé
By publishing a book in 1955 on one of the most resounding criminal cases of the 20th century, Giono was following in the footsteps of many predecessors, starting with his beloved Stendhal. However, the first part of his book, made up of court notes, is not without announcing contemporary "non fiction”, by its bias to write as close as possible to the event that constitutes the trial, and to claim, in support of his observations, the intimate knowledge that the writer has – having frequented them for a long time – of the human types – the peasants of Haute-Provence – implicated. It should be noted that Roland Barthes, who has a modernist rejection of all "realism”, ironises in his Mythologies about the interest shown in the Affair by novelists whom he considers (wrongly, as far as Giono is concerned) to be rearguard. However, the second part of the book, entitled "Essai sur le caractère des personnages", is more narrative and discursive, and reinstates the novelist as master of his “imaginary south” (in reference to Faulkner), announcing his ultimate fictions, in particular "Ennemonde et autres caractères" (1968).
En publiant en 1955 un livre sur l’une des affaires criminelles les plus retentissantes du XXe siècle, Giono mettait ses pas dans ceux de nombreux prédécesseurs, à commencer par son cher Stendhal. Cependant, la première partie de son livre, constituée de notes d’audience, n’est pas sans annoncer la « non-fiction » contemporaine, par son parti pris d’écrire au plus près de l’événement que constitue le procès, et de revendiquer, à l’appui de ses observations, la connaissance intime qu’a l’écrivain, pour les avoir longtemps fréquentés, des types humains – les paysans de Haute-Provence – mis en cause. On notera au passage que Roland Barthes, campant sur un rejet moderniste de tout « réalisme », ironisera dans ses "Mythologies" sur l’intérêt que portent à l’Affaire des romanciers qu’il considère (à tort, en ce qui concerne Giono) comme d’arrière-garde. Cependant, la seconde partie du livre, intitulée "Essai sur le caractère des personnages", plus narrative et discursive, réinstaure le romancier comme maître de son "sud imaginaire" (en référence à Faulkner), annonçant les ultimes fictions, en particulier "Ennemonde et autres caractères" (1968).