Le télétravail n’est pourtant pas si récent. Le substantif apparaît dans le dictionnaire Larousse dès 1978 : « forme de travail à distance dans laquelle une personne utilise des outils informatiques et de télécommunications personnels ou partagés », tandis que le verbe « télétravailler » y fait son entrée dans l’édition 2021, comme si le télétravail était devenu une réalité tangible. Dans l’ordre du discours politique, le télétravail apparaît, dans les années 1990, comme la promesse de désengorgement des villes et de désenclavement des régions isolées. À cette même époque, le télétravail est présenté comme une opportunité de flexibilité pour les entreprises. En parallèle du discours politique, le cadre juridique s’élabore progressivement tout en restant relativement modeste. Finalement loin des pronostics initiaux, le télétravail se diffuse à bas bruit et restera à l’état embryonnaire jusqu’à ce que la pandémie de la Covid-19 le propulse sur le devant de la scène. Sans cette massification du télétravail, il est vraisemblable que ce mode d’organisation du travail n’aurait pas connu de tels développements, créant ainsi les conditions d’un laboratoire social grandeur nature. Jetant une lumière crue, cette pratique lorsqu’elle s’exerce à domicile invite à s’interroger sur le renouveau de la place du domicile comme lieu de travail et sur les risques spécifiques saillants en matière de conditions de télétravail.