Le projet d’aménagement d’un tronçon du cadereau du Valladas dans le quartier de Grézan par la ville de Nîmes a révélé, sur une superficie de 5000 m², les traces de l’occupation diachronique de ce secteur suburbain de la ville, de la période néolithique jusqu’au début du Ve s. ap. J.-C. Un site du Néolithique final 2 (Ferrières) a été identifié à l’extrémité sud de l’opération. Une vingtaine de fosses pourrait appartenir à un petit établissement fédérant des structures de stockage en lien avec un habitat peu éloigné. Durant l’époque républicaine, mais sans doute dès le deuxième âge du Fer, le site s’organise autour d’une dépression linéaire, issue du colmatage progressif d’un ancien cadereau. Plusieurs puits témoignent d’une exploitation des ressources naturelles et d’approvisionnement en eau, avant la mise en place d’un cheminement installé au fond de la cuvette. A proximité, quelques indices semblent évoquer une autre forme d’occupation républicaine, très mal conservée et visiblement fugace. Avec prudence, ils pourraient témoigner de pratiques viticoles, totalement oblitérées par l’imposant chantier de construction de l’établissement antique. Ses premiers indices construits apparaissent dans le dernier quart du Ier s. av. n.è., en association avec un dispositif de drainage mis en place sur la frange orientale de l’habitat. Ils sont progressivement densifiés et complétés par d’autres espaces fermés et étagés, difficiles à interpréter, mais certains sont liés à l’eau. Des apports de terre, nombreux et massifs, atténuent les reliefs du terrain, déplacent certaines terrasses et facilitent la mise en place de collecteurs plus imposants. Quelques années avant le passage de notre ère, un important chantier de reconstruction est entamé. L’habitat est composé de nouvelles constructions qui se superposent aux anciennes. Elles dessinent un corps de bâtiment oriental muni d’une succession de pièces en enfilade, complété à son extrémité d’un retour vers l’ouest peu concerné par la fouille et formé d’autres espaces. Avec deux autres galeries orthogonales côté ouest, ces quatre ailes délimitent un espace d’agrément (pots horticoles, haies, arbres, arbustes sur 2500 m² restitués) organisé autour d’un vaste bassin central mosaïqué à abside, utilisé comme vivier. Du début de notre ère jusque dans la seconde moitié du IIe s. ap. J.-C., la configuration spatiale du site reste stable, mais on remarque toutefois de profondes modifications des réseaux de drainage et d’alimentation en eau. Ces changements accompagnent une transformation radicale du bassin, qui disparaît, remplacé par deux autres structures (bassins) plus petites, installées au-dessus. Une dernière phase est illustrée par quelques restructurations du jardin comme l’adjonction d’au moins une cellule supplémentaire dans l’habitat et la disparition d’un des deux bassins. Au plus tard durant cette période, mais peut-être déjà à la fin du Ier s. av. J.-C., une installation de production vinicole est mise en place au nord du site, bordée par un chemin qui sépare le chai d’un premier vignoble repéré uniquement en diagnostic et associé à un second situé plus au sud. L’abandon définitif du site intervient par étape à partir du IIIe s. ap. J.-C. Enfin une nécropole, datée entre la première moitié du IVe et le début du Ve s. ap. J.-C. regroupe onze sépultures. Elle constitue une partie d’un ensemble funéraire probablement plus conséquent, qui se poursuit au-delà des limites d’intervention, certainement circonscrit par la galerie occidentale de la villa abandonnée ou en ruine.