Une séquence attribuable à l’Eemien a été révélée par une série de diagnostics préventifs lors de l’aménagement sur la commune de Waziers d’une Z.A.C. dite du « Bas-Terroir » de 2011 à 2013. Suite à cette découverte, un programme de recherche programmé a été mis sur pied permettant d’explorer la séquence et les dépôts eemiens de la zone. Ce sont les résultats des années de 2013 à 2015 de recherches sur le terrain – et principalement ceux obtenus suite aux fouilles programmées de 2014 et 2015 – qui sont restitués dans le présent article. Quatre niveaux archéologiques sont documentés pour la première fois à Waziers attestant de passages discrets mais récurrents de Néandertaliens depuis le Tardiglaciaire du SIM 6 (c. 140 ka) à l’optimum eemien (SIM 5e, c. 130 ka). L’outillage mis au jour est produit à partir de deux concepts de débitage (Levallois et discoïde). Les vestiges fauniques de vertébrés, essentiellement les mammifères, sont dans un état exceptionnel de conservation, tout comme les bois végétaux constituant une bioconstruction, identifiable comme un barrage ou une hutte de castor. Les témoins des activités de boucherie pratiquées par les Néandertaliens montrent que le décharnement, la fracturation des os longs ainsi que la crémation ont été menées sur le gibier. Si l’aurochs est concerné par la plupart des marques identifiées, le castor présente également des marques de découpe témoignant d’une activité prédatrice des Néandertaliens de Waziers sur ces petits animaux. Le gisement de Waziers le Bas-Terroir constitue donc un jalon majeur pour reconstituer les activités de subsistance des populations néandertaliennes qui peuplaient la France septentrionale durant l’Eemien. Plus largement, Waziers le Bas-Terroir, de par son unicité et la rareté des vestiges organiques qu’il livre, constitue un gisement clé et au potentiel fort pour traiter de la question de la capacité des Néandertaliens à s’adapter au milieu boisé fermé que représente la forêt à l’Eemien en Europe du Nord-Ouest.