Dans le texte très travaillé de Marie-Hélène Lafon affleurent fréquemment des mots ou des expressions qui font entendre une autre voix, a priori non-littéraire, mais plutôt familière, voire populaire ou plus précisément paysanne. Une certaine distance est maintenue entre le narrateur et le mot ou l’expression cités, qui manifeste un intérêt particulier pour les faits de langue. Cependant, la fréquence de ces citations fait partie du style de l’auteur, d’autant qu’elles s’intègrent souvent de manière fluide à une forme plus recherchée, plus « littéraire », dans un continuum énonciatif caractéristique d’une écriture moderne. C’est ce phénomène qui est étudié ici, en prenant pour objet Les Derniers Indiens (Buchet-Chastel, 2008), qui en offre de très nombreux exemples, et en s’intéressant particulièrement au personnage de la mère disparue, dont la mémoire, et particulièrement la mémoire des paroles, pèse sur la « maison Santoire ».