La fouille programmée du four de terres cuites de Sagone, mis au jour partiellement sous le baptistère en 2012, s’inscrit dans le cadre d’un programme d’études diachroniques des ateliers de terres cuites en Corse. L’étude du four envisagée lors de la découverte n’ayant pas été réalisée, sa datation et sa morphologie restaient floues. Afin d’étudier l’architecture du four et de rechercher sa fosse d’accès, trois petits secteurs de fouille ont été ouverts, en tenant compte de la présence des structures bâties du baptistère, en vue de répondre aux questions posées par la présence de ce four. Bien que très limitée, cette intervention a permis d’accroître les connaissances sur le four lui-même en renouvelant les observations réalisées lors de la découverte, même si le recouvrement par les murs du baptistère n’a pas permis d’en dégager une plus grande partie. Ainsi, l’observation du troisième mur le délimitant à l’ouest montre qu’il s’agit d’un four quadrangulaire à deux volumes et à un seul alandier. La chambre de chauffe épouse une forme rectangulaire voire carrée. L’intérieur de la chambre de chauffe comporte au moins trois arches prenant naissance vers la base des parois maçonnées latérales de la chambre de chauffe. L’étroitesse de l’espace de fouille accessible (il n’a pas été possible de démonter l’arche complète) et sa profondeur n’ont pas permis d’atteindre la base de la chambre de chauffe. Par ailleurs, notre intervention a permis de s’assurer de l’absence d’une sole perforée de carneaux, qui avait été identifiée par les découvreurs en 2012. La recherche sur l’alandier et la fosse d’accès a été rendue impossible par la présence d’une fosse de spoliation qui n’avait pas été reconnue lors de la découverte en 2012. Cette dernière recoupe l’architecture du four en endommageant deux des trois arches connues. Son contenu est très semblable à l’ensemble des unités stratigraphiques observées dans la zone de recherche de la fosse d’accès. En effet, entre la cuve baptismale et le mur de première phase de construction du baptistère, l’espace dans lequel devait se développer la fosse d’accès a livré une succession de couches archéologiques caractérisant une zone de rejets sans lien direct avec l’activité de fabrication de terres cuites. Elle livre de nombreux artefacts et restes biologiques qui nous informent sur une occupation des 6e-7e s. postérieure au fonctionnement du four et antérieure à l’édification du baptistère. En l’état des connaissances, les informations de datations physiques et archéologiques s’accordent pour inclure le fonctionnement du four quelque part dans un intervalle allant du début du 2e s. apr. J.-C. au milieu du 5e s. apr. J.-C. En dehors des informations nouvelles obtenues sur le four, l’opération programmée a permis de collecter des données, loin d’être négligeables, sur la culture matérielle du site de Sagone pour l’Antiquité tardive. Les avancées acquises ne portent pas sur tous les questionnements préalables, en raison de la conformation des structures archéologiques qui sont bien trop enchevêtrées pour permettre des décapages extensifs en vue d’une lecture aisée. De la même façon, pour atteindre la base du four et possiblement son dernier niveau d’utilisation, en sécurité, il faudrait retirer l’arche entièrement conservée et les deux départs de la deuxième. Ainsi, il serait alors possible de réaliser une datation par le radiocarbone et par archéomagnétisme, en vue d’affiner la datation de son fonctionnement, et également pour rattacher ou non les tuiles à estampilles épiscopales de Sagone à ce four.