La pauvreté peut être conceptualisée à la fois à un niveau objectif (c'est-à-dire le revenu) et à un niveau subjectif (c'est-à-dire la perception du manque d’argent). Au fur et à mesure que la littérature sur les conséquences du manque d’argent s'étoffe, le manque d’une mesure valide (Flake & Fried, 2020) du construit (Mullainathan & Shafir, 2013) se fait sentir. En effet, le caractère reproductible et robuste de certains résultats semble discutable et interroge sur la manière dont sont opérationnalisé les construits (de Bruijn & Antonides, 2021). En suivant les recommandations de la littérature pour le développement de meilleures mesures (Boateng et al., 2018), nous avons d'abord généré 18 items liés aux aspects expérientiels et évaluatifs de la perception du manque d’argent et retenu 9 d'entre eux sur la base d'une analyse en composante principale (étude 1, N = 298). La structure monofactorielle de l'échelle a ensuite été confirmée, ainsi que sa validité discriminante, en la comparant à des construits « concurrents » (par ex. la classe sociale subjective ou l’anxiété financière ; N = 600). Le pouvoir prédictif de cette nouvelle échelle était ensuite comparé à celui des revenus sur une série de variables classiquement étudiées (par ex., l'anxiété, la satisfaction dans la vie, les prises de décisions économiques, le sentiment de contrôle… ; N = 986). Pour toutes les variables d’intérêts, PESS est un meilleur prédicteur que les revenus des participants. Les résultats montrent également une association entre la distance à la paie et la perception du manque d’argent. Enfin, La fiabilité test-retest à un intervalle d'un mois était également excellente (N = 435). L'échelle de manque d’argent subjectif semble donc être une excellente mesure pour saisir la dimension subjective de la pénurie économique. Ces travaux s’inscrivent dans un projet plus général qui s’intéresse aux conséquences cognitives du manque d’argent (perçu) et au rôle du contexte socio-économique plus ou moins inégalitaire sur ces effets. Un aperçu des différentes études en cours de réalisation sera présenté en insistant sur diverses problématiques rencontrées et les manières d’y répondre. Ainsi, la place du pré-enregistrement dans des situations de comparaisons d’hypothèses alternatives et de la simulation de données pour des calculs de puissances adaptées sera discutée.