Bien que l’apologie du régime mussolinien soit reconnue comme un délit par la constitution italienne, divers hommages sont régulièrement rendus au Duce, en particulier dans son village natal (Predappio). Depuis le début des années 1980, plusieurs pèlerinages y réunissent des « nostalgiques » qui donnent à voir une sensibilité spécifique à l’extrême-droite. Face à ces manifestations de dévotion, des organisations antifascistes tentent de porter un discours visant à dénoncer les crimes du dictateur et de son régime. Reposant sur une description fine du double événement - commémoration de la marche sur Rome et anniversaire de la Libération par les Alliés – fin octobre 2018, l’article vise à expliciter, d’une part, les logiques sociales de la fabrique et de la mise en scène d’une sensibilité néofasciste en Italie et, d’autre part, les conditions de félicité de la contre-mobilisation, ainsi que le rôle majeur des émotions dans ce contexte.