Le discours selon lequel une quantité importante d’emplois ne seraient pas pourvus revient régulièrement dans les discours patronaux, avec un parfum de scandale. De leurs estimations – 300, 400, voire 500 000 offres concernées –, ils déduisent une mauvaise volonté des chômeurs en particulier et des chercheurs d’emploi en général, à travailler ; ils seraient personnellement responsables de leur situation, puisqu’ils refusent les emplois existants. Enfin, ils abuseraient de l’assurance chômage. Loin d’être un problème social et structurel, le chômage découlerait donc de fautes morales individuelles. Si elle fait florès, cette perspective culpabilisatrice ne tient pourtant pas face aux données dont on dispose sur le marché de l’emploi français.