« Levallois ou non Levallois ? Combien de fois cette question a-t-elle été posée ! ». C’est ainsi que s’ouvre l’introduction d’un, si ce n’est du plus connu des ouvrages publiés par Eric Boëda en 1994 intitulé Le concept Levallois : variabilité des méthodes. Fruit des réflexions menées dans sa thèse soutenue en 1986, cet ouvrage marqua la communauté scientifique par l’originalité de la proposition — un concept — construit autour d’un terme mal défini et polysémique alors, le Levallois. Près de quarante ans après ses premières réflexions sur le Levallois, Eric Boëda, en 2021, pose dans un nouvel ouvrage son regard sur ce phénomène technique de manière épistémologique. La boucle serait-elle bouclée ? La question « Levallois ou non Levallois » serait-elle enfin dépassée ? Le phénomène Levallois aurait-il enfin été saisi sous sa facette anthropologique après plus d’un demi-siècle d’approche technologique ? Rien n’est moins sûr, à la lecture de la « conclusion prospective » de ce dernier ouvrage. Dans ce papier, je souhaite revenir, une fois n’est pas coutume sauf dans le cadre de pareil hommage, de manière subjective sur quarante années de réflexion d’Eric Boëda autour de la question du Levallois pour mieux percevoir ses apports. Je débuterai par un retour sur la proposition de départ du concept Levallois, premier aboutissement de réflexion sur la question dont l’apport fut fondamental. Fondamental concept au succès international mais, revers de la médaille, dont la définition fut aussi à l’origine de critiques diverses car incomprise, à commencer par moi-même, et sur laquelle il est intéressant de revenir. Enfin, je discuterai de ce dernier retour d’expérience(s) de la part d’Eric Boëda sur cette réflexion épistémologique à partir et autour du Levallois, faisant écho à mes recherches actuelles et perspectives de recherche. Au final, devons-nous encore nous poser la question « Levallois ou non Levallois » ?