L’existence de l’enseignement dans les prisons françaises est assez méconnue. Pourtant, elle résulte d’une convention entre l’Education Nationale et le Ministère de la Justice datant du 19 Janvier 1995. Dans les établissements carcéraux du territoire, cette collaboration a permis l’organisation complexe et la régulation de l’enseignement, envisagé comme droit inaliénable de la Déclaration universelle des droits de l’Homme : « toute personne a droit à l’éducation » (article 26.1). L’enseignement en prison peut sembler être une situation peu enviable pour les professionnels. Pourtant, les enseignants qui en font l’expérience y trouvent des gratifications, d’autant plus que le métier d’enseignant subit des modifications constantes depuis plusieurs années qui entraînent des incertitudes et des ambiguïtés sur l’aspect technique, matériel ou organisationnel (Maroy, 2066) allant jusqu’au « malaise enseignant » (Lantheaume & Hélou, 2008). Ces transformations affectent notamment le sens que ces professionnels donnent à l’exercice de leur métier, mais aussi leur satisfaction au travail. Ils souhaitent pouvoir exercer leur métier tout en restant en adéquation avec leurs attentes et motivations personnelles. De ce fait, certains enseignants se réorientent dans des carrières atypiques, notamment dans les « contextes difficiles » qui permettraient aux professionnels de se focaliser sur la transmission de connaissances, dans une logique « d’action éducative globale » (Kherroubi, Millet & Thin, 2018), avec la prise en compte de dimensions diverses, particulièrement sociales, attenantes à l’enseignement. L’enseignement en prison offre alors certaines opportunités recherchées par les enseignants : la liberté pédagogique, un sentiment d’utilité sociale et la possibilité d’individualisation des enseignements. Paradoxalement, ce milieu contraint semble présenter une plus grande souplesse que le milieu ordinaire pour ces professionnels.