Titre : Quelle référence à la notion de discipline scolaire à l’école maternelle. L’épistémologie pratique du professeur et des élèves au cours de l’enseignement du domaine « agir s’exprimer comprendre à travers l’activité physique ». Résumé L’objet de notre communication interroge le processus de scolarisation et disciplinarisation à l’école primaire. La référence aux disciplines scolaires à l’école maternelle est encore largement problématique : rejetée par certains au nom d’un enfermement trop précoce dans une forme scolaire, recherchée par d’autres comme affirmation d’une conception culturelle des apprentissages. Quels rapports les savoirs enseignés-appris entretiennent-ils avec les disciplines scolaires ? Si les textes et programmes (2015) définissent non des disciplines mais des champs d’apprentissage, néanmoins pour P. Garnier (2009) ces champs d’apprentissage préfigurent les disciplines de l’école. Quelle forme et selon quelle modalité prend cette préfiguration ? Différents travaux soulignent que les pratiques enseignantes révèlent « des traces » des disciplines scolaires (Daunay Delcambre 2007, Thévenaz-Christen 2008). Envisagé sous cet angle l’étude de Laparra & Margolinas (2010) montre combien cette référence aux savoirs disciplinaires est cependant complexe et difficile à assurer. Elle est de plus potentiellement créatrice d’inégalités scolaires dès l’école maternelle (Joigneaux 2009). Quels savoirs sont transmis ? Comment les enseignant-e-s élaborent leurs contenus d’enseignements ? Par quels processus d’enseignement apprentissage sont-ils véhiculés ? Nous explorons l’ensemble de ces questions à l’aide du concept d’épistémologie pratique, définit comme « l’ensemble des savoirs qui informent sur ce que [l’enseignant] fait et dit dans la classe sans pour autant qu’il ne soit toujours en mesure de les expliciter ». (Amade-Escot 2014, 20) Nous l’envisageons au cours d’une séance du domaine d’apprentissage « agir s’exprimer comprendre à travers l’activité physique » comportant une phase d’activité physique proprement dite suivie d’une phase de verbalisation. La séance filmée donne lieu à une transcription des procédures de régulation didactique, verbales et non verbales, en relation avec les modes de réalisation des élèves. L’étude menée dans une perspective didactique mobilise le cadre de la Théorie de l’Action Conjointe en Didactique (Sensevy & Mercier 2007) et repose sur l’analyse des situations critiques didactiques. Les résultats montrent les modalités selon lesquelles les savoirs sont (re)construits et appréhendés via la verbalisation, soulignant combien ces savoirs en jeu sont construits dans et par l’action sur la base d’une conception scolaire de la discipline. Cette étude souligne tout l’intérêt du concept d'épistémologie pratique comme mode de description compréhension des pratiques enseignantes. Elle ouvre de nouvelles perspectives dans la façon de penser le rapport aux disciplines scolaires et ce dès l’école maternelle. Références bibliographiques Amade-Escot C. (2019). Epistémologies pratiques et action didactique conjointe du professeur et des élèves. Education & Didactique, 13, 1, 109-114. Daunay, B. Delcambre, I. (2007). Les rituels en maternelle. Genre scolaire ou disciplinaire ? Les cahiers Théodile, 7, 33-48. Garnier, P. (2009). Préscolarisation ou scolarisation ? L’évolution institutionnelle et curriculaire de l’école maternelle. Revue française de pédagogie. 169. 5-15. Joigneaux, C. (2009). La construction des inégalités scolaires dès l’école maternelle. Revue française de pédagogie. 169. 17-28. Laparra, M. Margolinas, C. (2010). Milieu, connaissance, savoir. Des concepts pour l’analyse des situations d’enseignement. Pratiques 145/146, 141-160. Sensevy, G. Mercier, A. (2007). Agir ensemble. L'action didactique conjointe du professeur et des élèves. Rennes : PUR. Thévenaz-Christen, T. (2008). Au cœur de la forme scolaire, la discipline. L’exemple du français parlé. Revue suisse des sciences de l’éducation, 30 (2), 299 – 324.