From Distant Landscapes to national Monuments : Imagination of architectural Designs Decorating Furniture’s Fabrics (18th-19th centuries)
Des paysages lointains aux monuments nationaux : l'imaginaire des motifs architecturaux dans les étoffes d'ameublement (XVIIIe-XIXe siècle)
Résumé
Between the 1800’s and the 1840’s the printed textile manufactories in France have seized the theme of monuments representation, often associated to a country or a capital. This fascination for architecture leads emblematic images of countries – China, Egypt, Italia – or large capitals, especially Paris. If these images invite to a travel, imaginary or real, monuments are a way to incarnate a monumentalized history. In the politic context of the end of the Empire and the Restoration’s advent, these patterns feed a vision of France history where nostalgia of old time is a pretext to maintain political ideas. But these fabrics intended to bed’s manufacture have first as purpose to seduce consumers by offering them a travel.
Dès le XVIII e siècle, les motifs d'architecture ont participé à l'élaboration des compositions de « meubles à personnages », c'est-à-dire des toiles figuratives imprimées à la plaque de cuivre en une seule couleur, connues sous le terme éponyme de toile de Jouy 1. Cette technique d'impression, mise au point à partir des procédés de l'estampe et importée d'Angleterre, favorise l'apparition d'un nouvel art textile qui se caractérise par de grands dessins paysagers 2. Dans cette esthétique empruntée à la peinture de paysage, l'architecture sert de décor, parfois elle contribue à situer un espace. Ces motifs restent des éléments secondaires et anecdotiques dans un récit qui privilégie les relations entre les personnages et les situations pittoresques. Des bâtiments dans les jardins ou dans les scènes de vie à la campagne agrémentent ces nouvelles étoffes dans lesquelles la disposition des saynètes participe à la recherche de profondeur sur le fond écru de la toile. Au début du XIX e siècle, les meubles à personnages connaissent un profond renouvellement, passant de scènes bucoliques à des décors néoclassiques. L'évolution des thèmes s'accompagne d'une transformation décorative, le principe des saynètes dans un paysage laisse place à des compositions symétriques sur un fond orné. Le goût à l'antique, la littérature ou les monuments sont des thèmes à la mode. Les dessinateurs accordent une attention nouvelle aux sites historiques et aux vues de villes pour des motifs destinés à orner les murs et à fabriquer des lits. Cette profusion de monuments se manifeste de plusieurs manières, la valeur accordée à l'architecture évolue, entre souvenirs de voyages, références historiques et artistiques ou symboles politiques. Les choix des manufacturiers montrent que ces décors se trouvent investis d'une nouvelle signification, cherchant à séduire un large public. Ce phénomène s'accentue dans les années 1820 lorsque ces étoffes figuratives qui ont séduit la petite bourgeoisie par leurs prix abordables deviennent des produits très bon marché. L'analyse des propositions iconographiques et artistiques des fabricants permet d'appréhender cet engouement pour la représentation de l'architecture dans les toiles imprimées et son évolution durant la première moitié du XIX e siècle.
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