Les pièces tragiques et tragi-comiques dans le théâtre provincial au début du XVIIe siècle : excentricités formelles d’un théâtre excentré
Résumé
La désignation d’un théâtre provincial suppose l’idée d’un théâtre non-provincial, et opposerait donc un théâtre parisien à un théâtre régional, un théâtre centralisé à un théâtre décentralisé. L’existence d’une telle partition a été mise au jour par plusieurs pionniers comme Raymond Lebègue , suivi plus récemment par Jacques Chocheyras sur le théâtre en Savoie et en Dauphine ou Yves Le Berre sur le théâtre breton , d’un point de vue politique (et donc administratif, culturel) et surtout d’un point de vue esthétique et littéraire, quant à la manière dont les auteurs s’inscrivent dans le théâtre de leur temps et de leur(s) province(s). Une telle inscription, si elle se manifeste notamment dans les paratextes des pièces, est en quelque sorte exprimée de manière allégorique par la forme des pièces qui, au tournant des XVIe et XVIIe siècles, se situe souvent au carrefour de plusieurs horizons génériques et surtout à la charnière de traditions théâtrales variées. Mais ce que l’on pourrait donc, en considérant que la poétique des auteurs provinciaux s’établit dans une conscience des règles dramatiques établies durant la Renaissance sur le modèle antique, qualifier d’excentricité formelle, permet-il d’appuyer cette dichotomie géographique et symbolique ? Cette excentricité ne permet-elle pas plutôt de parler d’un théâtre des provinces ou d’un théâtre des régions, dont l’identité se fonde sur les particularismes linguistiques et sociaux ?