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Communication Dans Un Congrès Année : 2012

"Faire le déplacement" : Etre mobile pour être légitime. Le cas des supporters à distance de football

Résumé

De nos jours, nombreux sont les supporters de football qui vivent loin de l’équipe qu’ilssoutiennent. Une version active et organisée de supportérisme à distance (Lestrelin, 2010 ;Lestrelin, Basson, 2009) consiste en l’organisation de voyages collectifs afin d’assister auxmatchs depuis les tribunes des stades. En France, l’Olympique de Marseille (OM) estparticulièrement concerné par ce soutien extraterritorial. C’est à Marseille, dansl’environnement proche du club donc, que se situe le centre de gravité du supportérisme àdistance.

À la manière des partis politiques et des syndicats traditionnels disposant d’entités localesrelayant l’action du siège national, les groupes de supporters de l’OM disséminés en France età l’étranger sont, dans leur très grande majorité, des sections affiliées aux associations desupporters marseillais implantées localement. Les sections se situent dans une relation dedépendance avec l’association centrale à laquelle elles sont rattachées. En contrepartie, ellesbénéficient, telles des filiales ou des antennes, du « label partisan » propre au groupemarseillais dont elles dépendent. Elles peuvent également se mêler aux membres de cesgroupes dans les tribunes allouées à ces derniers au Stade vélodrome (comme dans les autresstades français et européens) et ainsi évoluer dans l’univers du supportérisme local. Si lesdeux associations officielles de supporters de l’OM (caractérisées par une forme de soutienmodérée) disposent de sections, les six groupes ultras (qui valorisent à l’inverse la radicalitéde leur engagement pour la « cause » du club) jouent un rôle important dans la structurationde la mobilisation extraterritoriale.

Apparus au Stade vélodrome (selon le nom de l’enceinte marseillaise) au cours des années1980 et au début des années 1990, les groupes ultras soutenant l’OM ont contribué auchangement de fonction des sections. Dans les années 1970, la création de ces antennesextraterritoriales (rattachées alors à l’une des associations officielles, le Club central dessupporters) reposait plus sur la volonté de se regrouper pour assister aux rencontres téléviséesou bien soutenir le club lors des matchs joués dans un rayon géographique proche du lieud’implantation de la section (dont le siège était bien souvent un café). L’emprise dusupportérisme ultra sur les sections s’est notamment manifestée par la promotion de « laculture déplacement » (selon une expression très courante parmi les supporters), c’est-à-direle fait d’organiser systématiquement des voyages pour soutenir le club, quels que soient ladistance kilométrique et l’enjeu de la rencontre.

Erigée en valeur positive, la mobilité des supporters à distance s’avère en outre un impératifpour construire de la légitimité et « faire leurs preuves » auprès de l’association-mère.Pourquoi, en effet, supporter l’OM lorsque l’on a toutes ses attaches à Paris, Rouen ouBruxelles ? Comment faire vivre la relation avec les Marseillais lorsque l’on réside à plusieurscentaines de kilomètres de Marseille ? Ayant, dans de nombreux cas, laissé leur identité locale« au vestiaire », refusant ainsi les appartenances héritées pour mieux afficher uneappartenance revendiquée, les supporters à distance vivent par ailleurs le supportérisme selonun point de vue singulier marqué par l’extériorité quand celui des partisans locaux secaractérise par le lien quotidien au club. La légitimation de la démarche des supporters àdistance passe donc, entre autres choses, par la présence dans les hauts lieux du supportérismemarseillais. De fait, « faire le déplacement » à Marseille est une expérience incontournable.Voyage initiatique, le déplacement doit marquer la transformation du supporter à distance etson changement de statut : cela passe par la quête d’appropriation des lieux les plusauthentiques de la présence supportériste et, dans le même mouvement, la fuite de tous lesendroits considérés comme les plus touristiques, destinés aux béotiens.
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Abstract LESTRELIN Ludovic BASSON Jean-Charles.pdf (128.46 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-04054229 , version 1 (31-03-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04054229 , version 1

Citer

Ludovic Lestrelin, Jean-Charles Basson. "Faire le déplacement" : Etre mobile pour être légitime. Le cas des supporters à distance de football. Colloque international : Les cultures du déplacement. Mobilités et requalification des lieux et des territoires, Université de Nîmes; Université Paul Valéry Montpellier III; UMR 5281 Acteurs, ressources et territoires dans le développement, Jun 2012, Nîmes, France. ⟨hal-04054229⟩
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