L'objet de ce dossier est de présenter quelques-unes des contributions à un colloque d'économie publique appliquée organisé conjointement pendant cinq années par l'École Nationale des Télécommunications de Bretagne et l'Université de Bretagne Occidentale, au sein du groupe de recherche ICI -Information, Coordination, Incitations-. Cette sélection (1 ) ne saurait faire justice à la grande variété des communications proposées, tant par leur domaine d'application (éducation, télécommunications, santé, travail, environnement, pour n'en citer que quelques-uns) que par les approches théoriques retenues (théorie standard élargie (2), approches néo-institutionnelles,. ..)• Toutes, cependant, partagent des interrogations soit sur la légitimité de l'intervention de l'Etat dans l'économie, soit plus indirectement sur l'adéquation des méthodes d'analyse économique aux faits stylisés (asymétries d'information, incomplétude des contrats, rôle des institutions...) et sur leur capacité à éclairer la décision publique. Ce lien tissé par delà les différences méthodologiques, voire des dissensions internes aux économistes, a grandement facilité la fertilisation croisée manifestée lors de ces rencontres. Les cinq articles qui composent ce dossier, ainsi que la contribution tirée de la conférence inaugurale de Jean- Jacques Laffont qui les met mutuellement en perspective, tenteront d'illustrer les avancées permises par une telle démarche. Comme d'autres champs d'application de la science économique, l'Économie Publique a dû aborder certains des questionnements méthodologiques majeurs de ces dernières décennies. Ainsi, l'introduction d'asymétries d'information a permis d'obtenir de nouveaux résultats aujourd'hui largement reconnus. Plus récemment, l'ouverture du nouveaux chantiers, comme les marchés incomplets (Hahn, 1989) et les contrats incomplets (Grossman, Hart, 1986 ; Hart, Moore, 1988, 1999) posent de nouvelles questions, tout comme d'autres avancées liées à la volonté de mieux prendre en compte l'incomplétude de l'information dans les économies {3). Apparaît l'importance de phénomènes tels que la collusion, le caractère non exécutoire de certains contrats, voire la remise en cause de la rationalité substantive des agents ou de la bienveillance de l'État. Comment alors aborder ces nouveaux défis ?