Comment appréhender les réseaux des divinités honorées dans les provinces romaines lorsque les données épigraphiques et iconographiques sont rares, voire font défaut ? En s’appuyant sur l’étude des cultes et des sanctuaires d’une vingtaine de cités de la Gaule Lyonnaise, initiée dans le cadre de recherches doctorales récentes, cette communication propose de réfléchir à diverses approches que l’on peut mettre en œuvre pour caractériser et comparer les lieux de culte de dieux et déesses, dont l’identité est souvent inconnue, à l’échelle d’un territoire civique ou d’un ensemble de civitates. Il s’agit alors, à partir de l’analyse des vestiges archéologiques de leurs sanctuaires, de discuter de la place qu’occupent ces divinités au sein des cultes publics et privés célébrés dans la cité. Dans cette optique, et en confrontant différents exemples, il est utile de décrire l’organisation spatiale interne des lieux de culte pour comprendre les hiérarchies que l’on a cherché à établir, dans nombre d’entre eux, entre plusieurs divinités résidant au sein de temples dont l’architecture et les dimensions varient. Par ailleurs, l’examen de leur environnement proche est riche en enseignements au sujet des communautés qui pouvaient en assurer la gestion, et ouvre donc des perspectives intéressantes pour tenter de déterminer le statut des cultes rendus, notamment au sein de certaines agglomérations, où la reconnaissance de plusieurs espaces cultuels invite en outre à réfléchir aux assemblages de divinités que l’on honorait au sein de l’espace urbain. Enfin, à une échelle plus large, celle des cités, l’étude de la répartition, de la monumentalité et des rythmes de reconstruction des édifices religieux permet d’identifier les divinités qui occupent une place éminente au sein des sacra publica et dont le culte a bénéficié d’importants financements, témoignant de l’existence de réseaux divins hiérarchisés.